Les corps-morts du futur sont immergés au large du Cap

La société Seaboost et la Ville expérimentent six modules à la limite de la zone des 300 m au large du Cap d’Agde.

L’énorme tas de pneus bétonnés échoué sur le parking du centre nautique prouve qu’au Cap d’Agde, une page est bien en train de se tourner.
Jusqu’ici, ils faisaient office de corps-morts en mer, sur lesquels les services de la municipalité fixaient les bouées jaunes matérialisant la zone des 300 m, mais aussi les chenaux réservés aux secouristes. Bon an mal an, ça marchait.

 À quelques détails près, quand même. “À chaque coup de mer, il faut intervenir pour les remettre en place, explique Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur de la gestion de l’aire marine protégée de la côte agathoise. Avec les vagues, les courants, elles ont tendance à pas mal bouger.”

Modules “éco-conçus”

Autre inconvénient : à raison d’une centaine de bouées jaunes à installer chaque année, la tâche est particulièrement chronophage pour les agents du service des plages. Sans oublier le coût des fournitures pour l’entretien ou le remplacement des balises et de leurs ancrages, celui des moyens nautiques mobilisés à chaque intervention ou le montant des contrats de travaux lorsque ceux-ci sont externalisés.

Bref, beaucoup d’argent jeté – si l’on peut dire – à la mer, ce qui a incité le maire d’Agde, Gilles D’Ettore, à tenter une expérience novatrice, en collaboration avec la start-up montpelliéraine Seaboost. “Ces modules offrent beaucoup d’avantages, assure-t-il. Ils permettent d’effectuer moins de manipulations puisqu’ils restent constamment au fond de l’eau. C’est aussi plus de poissons pour nos pêcheurs, notamment les petits métiers.”

Amarrage et micro-récifs

Techniquement, ces modules, qui avoisinent la tonne, ont en effet un double rôle : ils font office d’amarrage pour les bouées de signalisation, mais aussi de micro-récifs artificiels, pour les populations de juvéniles, notamment.  Autre avantage, ces structures sont complètement modulaires et peuvent être adaptées selon les lieux où elles sont immergées et leur fonction.

Pour Renaud Dupuy de la Grandrive en tout cas, l’avancée est réelle : “Le but est de reconquérir la biodiversité, y compris sur la zone littorale. Pouvoir se passer de ces vieux pneus qui servaient de corps-morts et investir dans ces nouveaux récifs, ça n’a rien d’anodin. Cela devient un lieu de vie, plus sain.”

Déjà des poissons…

Vendredi 13 octobre après-midi, les différents intervenants ont procédé à l’immersion du sixième et dernier récif. En tout cas pour le moment. « On va observer tout ça avant de poursuivre l’opération », explique Gilles D’Ettore. « On a plongé autour des récifs qui ont été immergés il y a une semaine et déjà des poulpes s’y sont installés. Nous avons également observé plusieurs nuages de poissons juvéniles », assure, enthousiaste, Renaud Dupuy de la Grandrive.

 D’un montant de 72 500 €, ces travaux sont financés à 80 % par l’État dans le cadre d’un contrat Natura 2000. Il s’agit du cinquième pour l’Aire marine protégée de la côte agathoise. Et deux autres sont en préparation. Preuve du sérieux de cette démarche de reconquête de la biodiversité marine.
OLIVIER RAYNAUD Midi libre

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